lundi 24 septembre 2012

Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étranger?

- J'aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages!

Baudelaire - Petits poèmes en prose - 1869
 




jeudi 14 avril 2011

Y ?


Je ne sais pas si j'ai besoin de me justifier, mais ma faiblesse me pousse a le faire :


Pourquoi partir ?


Pourquoi abandonner, ou mettre entre parenthèses du moins, ma vie parisienne qui avait à mes yeux tout ce dont, ou presque, j'avais toujours rêvé ?

Je ne crois pas au karma ... mais je crois que quand on a de la chance, on a le devoir de la partager. Je n'ai jamais connu la mort, la mort d'un être cher du moins, je n'ai jamais connu ni pauvreté, ni chômage, ni manque, pas meme de vraie solitude. J'ai toujours eu une famille aimante, soudée, je pourrais pousser le "vice" à la dire "aimantée", j'ai des amis sur lesquels je peux compter, j'ai connu certes des déceptions sentimentales plus ou moins violentes, dont une que j'ai qualifiée d'apocalypse mais ce mot est du a ma petite échelle de douleur. J en conclus que la chance n'a pas été distribuée à parts égales, et ce n'est certainement pas parce que je l'ai méritée que j'y ai eu droit ... Aussi ai-je pense que cela relevait de mon devoir que d'en donner un peu.

J ose imaginer que dans mon bonheur, il y a un petit quelque chose qui peut se transmettre par contagion, par conversation, par abandon, par partage, par quelque chose que je ne définis pas bien ...

En tout cas, j'ai tout ... et ne fuis donc rien.

Ce choix, je l'ai fait en connaissance de cause, en mon âme et conscience. Il n'est pas question de courage, car je n'ai pas peur - si ce n'est de perdre un peu ce que j'ai construit en France (amitiés nouvelles, carrière plutôt bien engagée, confort agréable ...). Il s'agit d'un besoin intrinsèque et d'une envie viscérale et aussi d'une sorte de foi dans le Bien ...


Je pars car j'ai besoin de sens. Je sais que cela se comprend difficilement parce que pour ainsi dire tout le monde s'en moque. Le sens de la vie serait de la vivre, serait le plaisir et pour certains le bonheur. Je ne dis pas que je le trouverai ailleurs, pas plus à Paris qu'en Thaïlande, mais que ce choix est libre et m'aidera à l'être plus ... Ma quête est davantage celle de la liberté car je crois que mon bonheur en est tributaire. Libre alors de l'argent, du confort, du regard des autres, du superflu, du besoin vital mais pas de son désir... Je ne suis pas (encore) bouddhiste. Le sens de la vie, je ne sais pas s'il en existe un. Il y en a d'ailleurs sûrement un pour chaque individu, ou il n'y en a pas du tout mais c'est mon Atlantide. Je sais que je ne vois pas le mien en tant que jeune femme à Paris, travaillant pour le vain, tissant de fausses relations pour gagner un rien, buvant du champagne en riant à des plaisanteries tout à fait niaises et sans aucun rapport avec mon humour qui est pourtant bête et enfantin, arpentant les rues à la recherche d'une robe ou de nouvelles chaussures, amassant plus que ne peut contenir mon armoire et la chambre entière de la maison familiale, dissertant sur tout et n'importe quoi sans rien connaître au monde et donnant de temps en temps un petit peu de moi-même sans savoir quelle en peut être la finalité.

Je ne critique en rien ceux qui s'en satisfont, chacun trouve où il veut ses plaisirs et bonheurs, mais ce ne sont pas les miens, j'ai besoin de transcendance, et pour employer les mots qu'il faut, j'ai besoin de Dieu. Bien sûr, il est partout mais je suis faible et je n'ai pas réussi à m'en rapprocher dans un milieu où le paraître est plus important que l'être. Je connais bien sûr des personnes qui y sont arrivées mais ils ont une force que je n'ai pas. Et puis il y a aussi les autres qui ne cherchent pas et qui se trouvent tout aussi bien ainsi, sans se poser de questions ... Ce n'est pas mon cas et je n'y peux rien.

Je pars parce que je veux connaître autre chose : civilisation, culture, mode de vie, philosophie, nourriture, langue, paysage ... Et les voyages forment la jeunesse. Lire des récits, voir des reportages, écouter des écrivains parler de leurs découvertes, tout cela m'a donné envie d'aller voir ailleurs. Pas que j'ai tout vu en France, loin de là ! mais l'imagination ne me satisfaisait plus ! J'en ai encore à revendre mais pour peindre d'autres tableaux, inventer de nouveaux mondes.


Je ne sais pas ce qui dans la balance pèse le plus. Je crois que je m'en moque d'ailleurs, même si ce n'est pas le cas des autres qui cherchent toujours un aspect pervers à mon acte. Il y en a ... vu qu'il y a une part d'égoïsme dans mon geste, comment pourrais-je oser le nier ? - et puis, on peut bien sûr questionner l'utilité d'enseigner l'anglais à des petits Thaïlandais ... oui, sans doute ... Après tout, je pense qu'on peut tout enlaidir juste par facilité et par un esprit critique vicié ... et je me demande bien pourquoi j'essaye de justifier un acte qui est le mien ... Je n'aime pas qu'on me juge, j'apprécie d'être aimée alors c'est peut-être ça que je cherche par ces mots ... une dernière tentative pour être aimée de ceux qui me critiquent ! Et à quoi bon ? Car si je veux, un jour, m'enorgueillir de ces 2 ans, eh bien et de un, cela n'aura pas été une motivation et de 2, ce sera mon droit, ma faute, ma faille de m'abaisser si bas ... Et le seul, hormis moi, qui pourra juger cela, sera celui qui n'a jamais fauté !


En tout cas, je ne crois pas me tromper ...